Gif Atelier


L'atelier d'écriture de Gardanne se déroule au siège de l'AAI, 35 Rue Borely, 13120 Gardanne
chaque vendredi de 14h à 16h.
Pour contacter l'AAI utiliser l'adresse e-mail : aai.esj@wanadoo.fr ) ou téléphoner au 0442515299

L'atelier d'écriture de la Méjanes d'Aix se déroule chaque jeudi de 10h à 12h à la Mareschale, 27 avenue de Tübingen 13090 Aix-en-Provence (TEL : 04.42.59.19.71 - e-mail Ecrits.Alaai@gmail.com ) et aussi le premier lundi du mois (même heure, même lieu).

L'animation ci -dessous représente l'aspect avant tout ludique de cet atelier gratuit ouvert à tous. Du rire et de la légèreté...

lundi 4 mars 2013

scène fantastique en gare

Claude Monet - Gare Saint Lazare.


Atelier du premier mars 2013

Consigne : Décrire une scène fantastique dans une gare

Gare de Bordeaux



Sur le quai sombre, la gare de Bordeaux est cachée par le train à l’arrêt

Ça sent la clope, on voit leurs points rouges. Il fait un peu frais, il y a peu de bruit, juste une rare annonce de temps en temps. Le bruit des pas sur le quai. L'intérieur du train est éclairé, toutes ses portes sont ouvertes.
Ça fait longtemps maintenant que tout est ainsi.
Le train s'ébranle tout à coup, la foule monte précipitamment, chacun reprend sa place, plein d'espoir.
Plus rien, le train s'immobilise à nouveau!
On n'ose pas descendre, on se regarde, on attend. Au bout de dix minutes, les plus découragés redescendent.
Fausse joie, on est encore là. Peut-être qu'on nous a oublié sur une voie de garage!
J'appelle Laurent pour avoir des nouvelles sur les mouvements de grève, d'autres écoutent la radio.
Nous en sommes à compter combien il nous reste de clopes en attendant un hypothétique redémarrage.
Quelqu'un osera-t-il s'éloigner du train pour en acheter, au risque qu'il reparte sans lui ? Personne n'ose.

Bon, on se rationne. Est-ce que le tissus des sièges du train, ça se fume? Dans l'état où il sont, ça se verra a peine!
J'en arrache un morceau, le roule, l'allume,tout prend feu et je me brûle les cheveux! Bon raté...
Je pourrais essayer le papier toilette du train avec un peu d'herbe du bas coté, ça ne s'allume pas, l'herbe est trop humide.Une page de mon agenda, ça brûle aussi!
Un homme en uniforme vient vers moi, m’entraîne de force vers la gare et me voilà encadrée de deux policiers! Je suis accusée d'avoir voulu mettre le feu au train.

Ce sont des non-fumeurs, et veulent m’emmener au commissariat. Comble de malheur, en plus, le train repart sans moi!!! Je suis maudite.

Non, je positive. Demain je visiterai Bordeaux.

(Brigitte)
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En perdre le Nord



Paris. Gare du nord. Train spécial, direction Lille.
Attente dans une salle aux murs remplies de photos de sportifs assez originales. Quelques reproductions des tableaux de Jean-Pierre Rives. Surprenant, il n'y a pas de sang qui coule de ces visages rugueux ou blonds et pourtant l'atmosphère de bataille sauvage est bien présente.
Très peu de bruit. Une ambiance plutôt snob. Des manteaux de fourrures, des sacs signés par les grands chantres de la mode actuelle se croisent.
Puis des tricots tricolores et des bières entrent et sortent. Le ton monte. Des rires commencent à s'élever. La chaleur aussi. Décalage entre cette nouvelle vague à l'air plutôt macho et l'ambiance sélecte d'il y a quelques minutes.

Stress. Tension. Il n'y a qu'un train. Il ne faut pas le rater. Les vitres embuées ne permettent de voir la locomotive de l'intérieur de la salle d'attente. L'horloge ne semble pas donner l'heure exacte. Les aiguilles tournent très lentement.
Un ricanement moqueur brise ce nouveau silence. Il est suivi par un bris de bouteille et des bruits de verre. Une vague de têtes se polarise vers ce coin devenu bruyant. L'horloge, probablement choquée, s'arrête. Elle était près de la mort. Elle a franchi ce mur sans retour.

Une gamine se serre contre la jupe de sa mère. Le petit frère reste bouche bée. L'horloge sort ses deux gros yeux noirs qui permettent normalement de la remonter avec une vieille clef tandis que le gros supporter du Stade français prend la bouteille cassée et se précipite vers le chef de gare.
Il est vrai que ce train spécial a du retard. Il sera très difficile d'arriver à l'heure pour voir ce grand match de rugby contre le Munster. Ça sent mauvais, tout ça !

Le petit garçon crie : « maman ! Maman ! Le gros bouffi va le tuer ce chef de gare ! On va rater le match si le train ne peut pas partir. Effectivement, l’éméché rondouillard brandit la bouteille cassée vers la nuque du représentant de la SNCF. La fillette pleure. La mère bande ses yeux avec ses mains aux brillants bijoux. Les spectateurs de ce début de combat injuste retiennent leur souffle puis comme si tout se figeait, l'horloge étend son bras des secondes pour retenir celui de ce presque meurtrier. Cette ressuscitée de l'exact timing réussit à le désarmer.

Le chef de gare s'empresse d'appeler les voyageurs. Satisfait, il siffle un grand coup. Le train s'en va, quelques passagers surpris courent pour sauter à temps dans ces wagons.

L'énergumène au bras retenu par la Déesse du Temps, comme un verre de glace, se casse.

Trop tard ! Le spectateur béat que je suis a raté le train.
Quelle poisse !

(Rolland Pauzin)  

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Texte de référence :
HENRI MICHAUX

UN CERTAIN PLUME


I - UN HOMME PAISIBLE

Étendant les mains hors du lit, Plume fut étonné de ne pas rencontrer le mur : « Tiens, pensa-t-il, les fourmis l’auront mangé… » et il se rendormit.Peu après, sa femme l’attrapa et le secoua : « Regarde, dit-elle, fainéant ! Pendant que tu étais occupé à dormir, on nous a volé notre maison. » En effet, un ciel intact s’étendait de tous côtés. « Bah, la chose este faite », pensa-t-il.Peu après, un bruit de fit entendre. C’était un train qui arrivait sur eux à toute allure. « De l’air pressé qu’il a, pensa-t-il, il arrivera sûrement avant nous » et il se rendormit. Ensuite, le froid le réveilla. Il était tout trempé de sang. Quelques morceaux de sa femme gisaient près de lui. « Avec le sang, pensa-t-il, surgissent toujours quantité de désagréments ; si ce train pouvait n’être pas passé, j’en serais fort heureux. Mais puisqu’il est déjà passé… » et il se rendormit.- Voyons, disait le juge, comment expliquez-vous que votre femme se soit blessée au point qu’on l’ait trouvée partagée en huit morceaux, sans que vous, qui étiez à côté, ayez pu faire un geste pour l’en empêcher, sans même vous en être aperçu. Voilà le mystère. Toute l’affaire est là-dedans.- Sur ce chemin, je ne peux pas l’aider, pensa Plume, et il se rendormit.- L’exécution aura lieu demain. Accusé, avez-vous quelque chose à ajouter ?- Excusez-moi, dit-il, je n’ai pas suivi l’affaire. Et il se rendormit.

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Tableau : Claude Monet - Gare Saint Lazare.


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