Gif Atelier


L'atelier d'écriture de Gardanne se déroule au siège de l'AAI, 35 Rue Borely, 13120 Gardanne
chaque vendredi de 14h à 16h.
Pour contacter l'AAI utiliser l'adresse e-mail : aai.esj@wanadoo.fr ) ou téléphoner au 0442515299

L'atelier d'écriture de la Méjanes d'Aix se déroule chaque jeudi de 10h à 12h à la Mareschale, 27 avenue de Tübingen 13090 Aix-en-Provence (TEL : 04.42.59.19.71 - e-mail Ecrits.Alaai@gmail.com ) et aussi le premier lundi du mois (même heure, même lieu).

L'animation ci -dessous représente l'aspect avant tout ludique de cet atelier gratuit ouvert à tous. Du rire et de la légèreté...

dimanche 7 avril 2013

Phrases nominales


Les amants passagers - Almodovar

Atelier du 5 avril 2013 Phrases nominales

Consigne B : écrire un texte sans verbe. Seul les participes passés utilisés comme des adjectifs sont acceptables.

Sortie au cinéma


Sortie hier soir au cinéma. Pluie fine sur Plan de Campagne. Quelle poisse les déplacements sans parapluie ! Enfin au sec, billet en poche, au creux d’un fauteuil de velours rouge, un cornet de pop-corn entre les mains. A l’écran, le dernier film d’Almodovar. Un scénario farfelu plus proche de « Talons aiguilles » que de « Tout sur ma mère ». L’histoire des amants passagers à bord d’un avion en perdition. Panique mesurée et remise en question des protagonistes de la première classe. Des appels de la dernière chance à la femme, à la maîtresse, à l’enfant depuis le téléphone d’urgence de l’appareil. Un inventaire de personnages truculents : une voyante en quête de première expérience sexuelle perméable à l’odeur de la mort, une escort-girl de réputation internationale visée par un tueur professionnel, un couple de jeunes mariés adeptes de la mescaline, un comédien célèbre à la vie sentimentale chaotique, un pilote en recherche d’identité sexuelle.
Hilarité et jubilation parmi les spectateurs de la salle de cinéma au spectacle des trois stewards homosexuels acteurs d’un show total impro à destination des passagers inquiets.
Alors, un conseil : Peu importe les pluies fines et les averses de printemps, direction la salle de cinéma ! Pour les amateurs de situations loufoques et déjantées, voici un film incontournable.

(Françoise K.)

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Un rayon de soleil


Quelle journée magnifique !
Atelier d'écriture, bien entouré
dans une pièce sombre.
Face à moi, quelle joie ! Un rayon de soleil !
Dehors, temps nuageux
La langue en veille
La plume légère... (là, j'exagère)
Un fût de bière pour les compères
Fleurs sur les murs
Fruits sur la table
Bœufs dans l'étable...
et le cartable.

(Florent C.)

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La perte de verbe


Quelques extraits trouvés, ici ou là. Des exemples de phrases sans verbes ou phrases nominales. Des sortes d'aides, des pense-bêtes, des idées ingénieuses parfois, des tournures de fous de la consigne oulipienne, des jeux de mots.

Voilà par exemple une discussion sur un forum branché :
  • Sur ce forum, que de phrases sans verbes ! À chacun la sienne. Des erreurs ? Des inattentions ? Des fautes involontaires ou un choix de style ? Au fond pas très difficile l'écrit sans verbe, gage de modernité pour les uns, style relâché et prose inepte pour les autres.
  • Bof ! Une suite de phrases sans action. Du descriptif, quelques interrogations, des onomatopées à la Serge Gainsbourg ou des bribes de phrases, style bandes dessinées, des listes de commissions d'une banalité incroyable, des menus même pas appétissants. De la langue morte, quoi ?
  • La langue en péril ? Jamais, sans les mensonges des verbes beaucoup plus trompeurs que les noms communs. « Des envahisseurs, des dictateurs, des usurpateurs de la littérature » depuis toujours, ces conteurs d'actions et parfois d'états ! (Dixit Thaler, l'écrivain du « Train de nulle part », ouvrage à l'absence d'intrigue et tout naturellement, de verbes.)
  • Et les adjectifs, alors ? Quelles tromperies, non ?
  • En effet. Vive le silence, le vide, l'absence... le nihilisme aussi.
  • Pfft ! Le verbe dans le discours politique. Quelle merde ! Des excès, des dérives, des promesses...
  • Et l'utilisation des temps, des modes. Quelles balivernes ! Des conditionnels aux allures de professions de fois, de vérités incontournables, toujours bien placés et surtout bien cachés pour un populo naïf puis un peuple trompé, entubé jusqu'à l'os. Rigolo, non ?
  • Non, triste, mon ami !
  • Triste comme la politesse ?
  • Oui. Bonjour tristesse. Voilà du verbe, des sentiments à foison, de l'amour et de l'action ou du moins de l'action émotionnelle et cérébrale parfois.
  • Désolé ! Très ringard, pour moi !
Discussion suivie de pleurs inconsolables, de peurs de dérives vers le vide peut-être.

Ailleurs, rencontre de deux personnes troublées par ce même livre «le train de nulle part » et dans des états différents.
D'un coté, une jeune femme réconfortée par la beauté des noms dominateurs.
De l'autre un homme détruit par l'inaction des phrases futures. Pourtant, voilà de ses lèvres une suite de mots sans verbes : « Quel avenir dans l'inaction ? Quel avenir dans ce type de mort lente ? Quel avenir dans cette sorte de mer morte sans aucun bateau ni poisson, ou alors, avec des bateaux et des poissons mais complètement immobiles et donc inutiles ! »

Quelques secondes de silence puis réconciliation autour d'un poème de Verlaine, très descriptif et sans verbe, lui aussi :

Walcourt (de Verlaine)


Ô briques et tuiles,
Ô les charmants
Petits asiles
Pour les amants !

Houblons et vignes,
Feuilles et fleurs,
Tentes insignes
Des francs buveurs !

Guinguettes claires,
Bières, clameurs,
Servantes chères
A tous fumeurs !

Gares prochaines,
Gais chemins grands...
Quelles aubaines,
Bons juifs-errants !

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En ce soir léger, sortie d'une série de compliments et d'exclamations de la bouche de ces deux tendres personnages réconciliés et aux regards amoureux :
Quel beau tableau ! Magnifique, ce poème ! Fantastique, admirable ! Quelle merveilleuse description d'un lieu triste puisque en Belgique. Remarque un peu méchante et déplacée, non ? Oui, mille excuses pour les belges. Éclats de rire. Des mains et des cheveux entrelacés...
Début d'une idylle et... d'une récitation d'un texte de Benjamin Péret par l'homme, de plus en plus heureux et gai.


Allô

Mon avion en flammes mon château inondé de vin du Rhin
mon ghetto d'iris noirs mon oreille de cristal
mon rocher dévalant la falaise pour écraser le garde-champêtre
mon escargot d'opale mon moustique d'air
mon édredon de paradisiers ma chevelure d'écume noire
mon tombeau éclaté ma pluie de sauterelles rouges
mon île volante mon raisin de turquoise
ma collision d'autos folles et prudentes ma plate-bande sauvage
mon pistil de pissenlit projeté dans mon oeil
mon oignon de tulipe dans le cerveau
ma gazelle égarée dans un cinéma des boulevards
ma cassette de soleil mon fruit de volcan
()
mon amour

-  Je(u) sublime de 1936 ?
- Oui, ma belle


 Récitation par la femme d'un extrait de la Solitude de l'incompris poète, roi de la musicalité : Verlaine

La Solitude de Verlaine


Derrière un rideau lourd de pourpres léthargiques.
(L'homme) seul sur les ombres tragiques
De la terre sans verbe et de l'aveugle éther.
(Verlaine)

Hum ! Sacrée discussion, quand même ! Bien sûr, de la langue de bois pour les hyperactifs mais sans passif pour les autres, non ?
Et puis à la fin de cette scène, pas de langue de bois entre ces deux personnages. Non, de la gamelle marseillaise, plutôt.

(Rolland Pauzin – Texte écrit le jour précédent pour donner des exemples de phrases nominales lors de l'atelier)


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Références :

Le train de nulle part", un roman de l'écrivain Michel Thaler. Editeur : Adcan.
Parution : 22 Avril 2004

Des verbes dans ce roman ? Non, pas un seul tout au long des 233 pages, simplement, ici ou là, quelques participes passés à la forme adjectivale.

Voici un extrait de ce livre :
« Quelle aubaine ! Une place de libre, ou presque, dans ce compartiment. Une escale provisoire, pourquoi pas ! Donc, ma nouvelle adresse dans ce train de nulle part : voiture 12, 3ème compartiment dans le sens de la marche. Encore une fois, pourquoi pas ?
- Bonjour Messieurs Dames. Un segment du voyage avec vous ! Ou peut-être pas ! Tout comme la totalité de l'itinéraire, du moins le mien ! »

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Poème : « Un Catalogue d'images » de Vadim Sersenevic (1865 - 1942)

Des maisons —
Meules
De fer et de béton
Le brouillard, un peu d'eau
Dans un verre
D'eau de Cologne.
La rue comme une archine de tailleur
En courbes, en cassures.
De loin à nouveau
Le diacre de l'orage — le tonnerre.
Sur la paume de la place — les veinules du ruisseau.
Dans la panse du sphinx en brique
Cocarde de mes yeux,
Bassine de mes yeux.
Pour la quantième fois (s'arrachant) de sa chaîne
Le chien du crayon,
Et les dents des lettres avec la salive de l'encre dans le mollet du papier.
Derrière la fenêtre tes tiges (de bottes) des gouttières,
Derrière la fenêtre de la colère par pouds
Et la parole sur les lèvres comme une masse de plomb dans le poing.
Et le hussard à 6 étages du gratte-ciel
Avec l'éperon du perron — claquement.

Notes : archine : 0,711167 mètre, unité de Russie – aussi une forme de cintre
pouds ? Quantité de poids russe ?

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La Solitude de Sabine SICAUD (1913-1928)


Solitude... Pour vous noire … Pour moi verte :
d'un vert dru, vivace tendre,
Vert platane, vert calycanthe, vert tilleul.

Mot vert. Silence vert. Mains vertes
De grands arbres penchés, d'arbustes fous ;
Doigts mêlés de rosiers, de lauriers, de bambous,
Pieds de cèdres âgés [ou terre offerte]
aux bêtes à Bon Dieu ; rondes alertes
De libellules sur l'eau verte...

Dans l'eau, reflets de marronniers,
D'ifs bruns, de vimes blonds, de longues menthes
Et de jeune cresson ; flaques dormantes
Et courants vifs ;
Rainettes à ressort et carpes vénérables ;
Martin-pêcheur... En mars, étoiles de pruniers,
De poiriers, de pommiers ; grappes d'érables.
En mai, la fête des ciguës,
Celle des boutons d'or : splendeur des prés.
Clochers blancs des yuccas, lances aiguës
Et tiges douces, chèvrefeuille aux brins serrés,
Vigne-vierge aux bras lourds chargés de palmes,
Et toujours, et partout, fraîche, luisante, calme,
L'invasion du lierre à petits flots lustrés
Gagnant le mur des cours, les carreaux des fenêtres,
Les toits des pavillons vainement retondus...

etc. (quelques verbes dans les strophes suivantes d'où la coupure)

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Notes :
vimes = osiers,
calycanthe, arbuste vert et caduc aussi appelé Arbre Pompadour de Floride

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Rimbaud - Illuminations (1874): "Barbare"

Bien après les jours et les saisons, et les êtres et les pays,
Le pavillon en viande saignante sur la soie des mers et des fleurs arctiques;
[...]
Les brasiers et les écumes. La musique, virement des gouffres et choc des glaçons aux astres.
O Douceurs, ô monde, ô musique! Et là, les formes, les sueurs, les chevelures et les yeux, flottant. Et les larmes blanches, bouillantes, - ô douceurs! - et la voix féminine arrivée au fond des volcans et des grottes arctiques.
Le pavillon...


Image du film : Les amants passagers - Almodovar


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